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Les apports de la IInde  République

 

Tout au long du XXème siècle, les femmes ont vu leurs droits accordés mais contestés par la suite.

 

 

Le 14 avril 1931, le Front Populaire espagnol arrive au pouvoir et proclame la République ce qui met donc fin à la dictature de Primo de Rivera. Le Roi Alphonse XIII abandonne Madrid et s'exile : la monarchie est abolie.

Le Front Populaire dirigé par Niceto Alcala-Zamora puis ensuite par Manuel Azana prevoit un programme ayant pour but de "moderniser l'Espagne" avec des transformations nationales et démocratiques.

En 1931, lors de cette République, grâce au programme progressiste du gouvernement, les femmes acquièrent de nombreux droits comme par exemple l'égalité juridique face aux hommes et le droit de vote sous le gouvernement de Niceto Alcalà Zamora (1931-1936). A cette époque, l'Espagne est donc l’un des premiers pays de l'Europe à reconnaître ce droit aux femmes et un des plus avancés dans l'égalité des sexes. Progressivement, la Seconde République instaure la réduction des écarts entre les femmes et les hommes, l’admission aux emplois et charges publiques sans distinction de sexe, le mariage civil et le divorce, puis en 1936 le droit à l’avortement.

 

 

 

Voici une frise qui présente quelques avancées pour les femmes espagnoles de 1880 à 1936 (on constate que ces avancées se situent principalement pendant la IInde République) :

 

La Seconde République permet la naissance du feminisme en Espagne.

En effet, le féminisme en Espagne avait un retard considérable par rapport au féminisme européen, et tout cela était dû au ralentissement économique du pays avec une nette prédominance agricole et un long retard dans l'industrialisation.

Un mois après la proclamation de la République, les femmes deviennent éligibles ce qui permet à Clara Campoamor et Victoria Kent, deux emblêmes de la révolution feminine espagnole, de devenir députés. A la suite de leur élection, les première associations féministes naissent telles que : Le Conseil des femmes (fondée en septembre 1931), L'Union des femmes républicaines (fondée en octobre 1931 par Clara Campoamor pour défendre le droit de vote), le Comité des femmes contre la guerre et le fascisme (fondée en 1933), et de nombreuses autres..

Une femme à un bureau de vote à Barcelone, pendant les elections législatives de février 1936.

C’est aussi pendant la Seconde République, en 1931 que la question du vote pour les femmes apparait à la suite de l'élection des députés Clara Campoamor et Victoria Kent puis plus tard de Margarita Nelken. L'association Nationale des Femmes (dirigée par Clara Campoamor) a publié des lettres dans lesquelles elle demande aux députés espagnols l'obtention de divers droits, celui du vote inclus. Les femmes espagnoles obtiennent finalement le droit de vote fin 1931 après plusieurs années de discussion sur le sujet.

En effet, en 1854, la question du droit de vote féminin est abordée pour la première fois dans la presse puis en 1877, dans les tribunaux. En 1919, nait ensuite un nouveau projet de loi électorale qui propose :

  • le droit de vote autorisé pour les hommes et femmes de plus de 25 ans

  • les femmes ne sont pas éligibles

  • les hommes et les femmes doivent voter à des jours différents.

En 1921, la première manifestation a lieu à Madrid pour la défense du vote féminin.

Le 12 Avril 1924, pendant la dictature de Primo de Rivera, le vote est accordé aux femmes dans certaines conditions : seules les femmes célibataires, veuves ou divorcées de plus de 23 ans sont autorisées à voter. Les femmes mariées et les prostituées étaient exclues. Cependant, les élections n’ont jamais été réalisées .

Enfin, en 1936, Federica Montseny, militante anarchiste, fût la première femme à devenir ministre en Espagne. En charge de la Santé entre 1936 et 1937, la jeune ministre demande au docteur Félix Martí Ibáñez de rédiger le premier projet de loi en faveur de l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Il publie la «Réforme eugénique (changements qui concernent la génétique) de l’avortement», un décret rendant l’avortement légal en Catalogne. Mais ce texte ne sera jamais appliqué. Il a été abandonné face à l’opposition de plusieurs ministres du gouvernement. Le droit à l’avortement ne sera reconnu en Espagne que cinquante ans plus tard.

 

Catalogne, Espagne >

De plus, la République a permis de diminuer considérablement le taux d'analphabétisme en Espagne en créant de nouvelles écoles, en formant de nouveaux enseignants mais surtout en instaurant l'école mixte, laïque, gratuite et obligatoire. Cette éducation mixte qui se met en place permet aussi à certaines femmes, des classes les plus élevées, d'accéder à des niveaux supérieurs de l'éducation pour exercer de nouvelles professions. En 1931, on compte 1700 femmes universitaires en Espagne contre 1 seule en 1900 ! Plusieurs lois en faveur des femmes au travail ont aussi été votées : l'interdiction du travail pour les femmes mariées a été supprimée, la loi sur l'égalité dans les contrats de travail a été adoptée, la création d'une assurance maternité pour les femmes de 15 a 50 ans qui travaillent a été approuvée,...
La Constitution de 1931 assure aux femmes le droit d'exercer une profession et leur donne accès à des emplois traditionnellement masculins. Toutefois, certaines femmes sont obligées de se déguiser en homme pour obtenir leur diplôme (ex : diplôme de droit). Malgré les mesures égalitaires, les femmes viennent de rejoindre le travail et dans la pratique, le taux de participation des femmes en Espagne était encore très faible.
De plus, la plupart des femmes qui travaillent exercent dans des secteurs tels que l'éducation ou la santé, traditionnellement «bien considérés» pour les femmes.

 

La Seconde République impulsa aussi des réformes radicales du droit de la famille. La Constitution de 1931 proclama, d'emblée, que la famille était sous la protection spéciale de l'État (art. 43) et annonça d'importantes modifications. La Constitution introduisait pour la première fois le divorce. La loi du 2 mars 1932, instaurait le divorce "par consentement mutuel ou sur demande de l'un des conjoints, avec allégation de cause justifiée" (art 43,1,2). Durant la même année, le mariage civil et le droit de la femme à exercer en tant que chef de famille, à égalité avec l'homme sur la famille et les enfants sont aussi votés.

 

 

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Les femmes espagnoles atteignent un degré d'indépendance économique, juridique et sexuelle qu'elles n'avaient jamais connu auparavant et vivent donc leurs meilleurs moments.

 

On peut voir ici 3 représentations allégoriques de la Seconde République Espagnoles.

On retrouve sur les 3 images :

- les couleurs du drapeau de la Seconde République

- une femme (qui ressemble à La Marianne)

- le bonnet phrygien.

On remarque aussi sur la 3ème image la devise : "Libertad Igualidad Fraternidad" (Liberté, Egalité, Fraternité) qui est donc la même que celle de la République Francaise.

On constate donc que le régime espagnol s'était beaucoup inspiré de celui de la France.

La Seconde République est un progrès majeur dans le domaine des droits des femmes et se termine quelques années plus tard dans une épouvantable Guerre Civile.

 

La guerre civile espagnole est un conflit qui, du 18 juillet 1936 au 1er avril 1939, opposa, en Espagne, le camp des républicains (Gauche), qui défend le gouvernement légalement établi de la IIe République, et les nationalistes (Droite) mené par le général Francisco Franco.

Au cours de l'été 1936, le début de la guerre civile a vu se développer la révolution sociale pour l'Espagne républicaine. Des milliers de femmes y prennent part. Certains l'ont fait en défilant et en combattant aux côtés des hommes, d'autres en étant ouvrières.

Deux grandes organisations feministes naissent au cours de la guerre civile :

 

 

  • "Mujeres Libres"

 

En français "Femmes Libres" était une organisation anarchiste fondée en avril 1936 par l'écrivain Lucia Sanchez, la journaliste Amparo Poch y Gascon et le Docteur Mercedes Comaposada.
Elle a été créée afin d'intégrer pleinement les femmes dans la lutte pour la liberté et
de mettre fin au « triple esclavage des femmes : l’ignorance, le capital et les hommes ». Mujeres Libres défend l'émancipation des femmes et leur participation à la lutte révolutionnaire en mettant en place des campagnes d’alphabétisation, des cours techniques et professionnels ainsi que des formations politiques pour les femmes. Elle réunit 20 000 adhérentes majoritairement ouvrières.

 

 

Mujeres Libres est aussi le nom du journal créé par l'organisation et qui permettait de faire passer leurs messages. Il a été publié de 1936 à 1939 à Barcelone. La féministe Emma Goldman séjourne en Espagne en 1936 pour soutenir la révolution espagnole et combattre les fascistes de Franco. Elle écrit alors dans "Femmes libres" :


« La femme espagnole ne tardera plus beaucoup à prendre le chemin de son émancipation. Le problème de l’émancipation féminine est identique à celui de l’émancipation prolétarienne : ceux qui veulent être libres doivent faire le premier pas. Les ouvriers de Catalogne et de toute l’Espagne l’ont déjà fait, ils se sont libérés eux-mêmes et ils sont en train de verser leur sang pour consolider cette liberté. Maintenant, c’est votre tour à vous, femmes espagnoles. Brisez vos chaînes. Votre tour est enfin arrivé d’élever votre personnalité et votre dignité, d’exiger avec fermeté vos droits de femme, comme individualités libres, comme membres de la société et comme camarade dans la lutte contre le fascisme et pour la Révolution sociale. »

Exemple de première de couverture du journal Mujeres Libres.

  •  Asociación de Mujeres Antifascistas (AMA)


En français "l'Association des Femmes Libres" était une association non partisane créée après la révolution des Asturies de 1934 par des femmes communistes, socialistes et républicaines. Elle s'est énormément développée durant la guerre civile. Elle était très liée à la CNT (Confédération nationale du travail) ainsi qu’à la Unión de Muchachas, l’organisation féminine issue des Jeunesses socialistes d’Espagne. Elle mène un combat politique et a pour objectif la lutte active contre le fascisme et le franquisme. Cette association était aussi présente en France. Elle a été dirigée successivement par Dolores Ibárruri, Lidia Odena, Encarnación Fuyola et Emilia Elías. Elle compte alors jusqu'à 50 000 membres.

Dolores Ibárruri Gómez, connue sous le nom de La Pasionaria, fût la première femme membre du gouvernement en Espagne. Elle était LE symbole du féminisme en Espagne et voulait montrer qu'il y avait une place pour la femme dans la société espagnole avant Franco. Elle joua un rôle extremement important pendant la Guerre CIvile. Elle est aussi l'auteure des fameuses expressions : " Mieux vaux mourir debout que vivre à genoux" et "No Pasaran!" (Ils ne passeront pas).

Dolores Ibarruri

Statue de Dolores Ibarruri

à Glasgow en Ecosse

Affiche No Pasaran !

Grâce à ces deux associations, les femmes prennent part au combat aux cotés des hommes et prennent les armes pour lutter.

Les femmes en armes sont mises en valeur et deviennent des emblêmes. Au cours du conflit, le rôle donné aux femmes et leur place vont évoluer. Lorsque le camp républicain crée de nouvelles organisations militaires, les femmes sont renvoyées à l’arrière suite à un décret, en septembre 1936, qui ordonne aux femmes de s’occuper des travaux agricoles et de l’industrie.

Les femmes gardent néanmoins un rôle important en étant présentes dans les industries en tant qu'ouvrières.

DIaporama :

Des femmes pendant la Guerre Civile

 

C'est donc avec une armée mixte que les Républicains parviennent à gagner la bataille de Guadalajara le 18 mars 1937 contre les franquistes et leurs alliés italiens (menés à l'époque par le dictateur Mussolini). Malheureusement cette victoire ne leur permet pas de gagner le conflit.

 

Cette guerre se termine par la victoire des nationalistes et l'arrivée au pouvoir de Franco en mars 1939 qui établit une dictature qui dura 36 ans, jusqu'à la transition démocratique qui n'intervint qu'à la suite de la mort de Franco en 1975.

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